Règlement grand-ducal du 25 janvier 2019 déterminant les exigences et les normes auxquelles doivent répondre les services hospitaliers d’urgence des hôpitaux et le service hospitalier national d’urgence pédiatrique.


1.

Normes architecturales

1.1

Partie administrative.

1.2

Partie technique.

2.

Équipements spécifiques

2.1

Équipement médical

2.2

Équipement logistique

3.

Ressources humaines et organigramme

3.1

Gestion du service

3.2

Personnel médical

3.3

Personnel soignant.

3.4

Personnel administratif, logistique et social

4.

Normes fonctionnelles

4.1

Services présents

4.2

Accès aux compétences médicales

4.3

Accès aux examens d’imagerie et de laboratoire

4.4

Tri unique

4.5

Flux des patients.

4.6.

Filières de prises en charges spécifiques

4.6.1

Filière gériatrique.

4.6.2

Filière pédiatrique

4.6.3

Filière psychiatrique

4.6.4

Filière Accident Vasculaire Cérébral (AVC)

4.6.5

Filière coronaropathie.

4.6.6

Filière gynéco-obstétrique

4.7

Afflux de patient / Situations de catastrophe

5.

Dossier médical et courrier de sortie

6.

Base des données sanitaires et indicateurs d’activité et de processus des services d’urgence

6.1

Les indicateurs d’activité :

6.2

Le caractère démographique des patients :

6.3

Les indicateurs de processus : en amont du service d’urgence

6.4.

les indicateurs de processus : délais :

6.5

les indicateurs de processus : en aval du service d’urgence (valeur absolue et pourcentage)

Nous Henri, Grand-Duc de Luxembourg, Duc de Nassau,

Vu la loi du 8 mars 2018 relative aux établissements hospitaliers et à la planification hospitalière, et notamment ses articles 4, paragraphe 7, et 10 ;

Vu la fiche financière ;

Vu l’avis du Collège médical ;

Vu l’avis de la Commission permanente pour le secteur hospitalier ;

L’avis du Conseil supérieur de certaines professions de santé ayant été demandé ;

Notre Conseil d’État entendu ;

Sur le rapport de Notre Ministre de la Santé et de Notre Ministre des Finances, et après délibération du Gouvernement en conseil ;

Arrêtons :

Art. 1er.

Les services hospitaliers d’urgence des hôpitaux et le service hospitalier national d’urgence pédiatrique doivent répondre aux exigences et aux normes déterminées à l’annexe du présent règlement.

Art. 2.

Le règlement grand-ducal modifié du 29 août 1979 établissant les normes auxquelles doivent répondre les établissements hospitaliers qui participent au service d'urgence est abrogé.

Art. 3.

La mise en place d’une ouverture diurne de sept heures à dix-sept heures les jours ouvrables du service hospitalier d’urgence des deux hôpitaux de Luxembourg-ville se fera au plus tard le 1er janvier 2020.

La mise en place d’une garde à Luxembourg-ville avec ouverture en parallèle et en continu des services d’urgence vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept des deux hôpitaux concernés se fera se fera au plus tard le 1er janvier 2024.

Art. 4.

Notre Ministre de la Santé, Notre Ministre des Finances et Notre Ministre de la Sécurité sociale sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent règlement qui sera publié au Journal officiel du Grand-Duché de Luxembourg.

Le Ministre de la Santé,

Étienne Schneider

Le Ministre des Finances,

Pierre Gramegna

Le Ministre de la Sécurité sociale,

Romain Schneider

Palais de Luxembourg, le 25 janvier 2019.

Henri


Annexe

1.

Normes architecturales

Le service d’urgence est composé d’une partie administrative et d’une partie technique qui forment un ensemble continu et cohérent des points de vue architectural et fonctionnel.

L’ensemble des locaux du service d’urgence est accessible aux personnes à mobilité réduite.

L’ensemble des locaux du service d’urgence doit permettre de garantir l’intimité des patients.

La conception architecturale du service d’urgence doit permettre une gestion efficace des flux de patients valides et de patients alités.

Le service d’urgence dispose d’une entrée clairement identifiée permettant l’accès vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Cette entrée comporte deux accès séparés, l’un piéton et l’autre pour ambulances, couvert, chauffé, pouvant être fermé.

1.1

Partie administrative.

La partie administrative se compose au minimum :

a.)D’un espace de réception des patients et de réalisation des formalités administratives permettant un accueil garantissant la confidentialité.
b.)D’une salle d’attente assise pour les patients et leurs accompagnants.
c.)Des installations sanitaires publiques hommes et femmes séparées, dont au moins une installation sanitaire accessible aux personnes à mobilité réduite.
d.)D’un espace avec table à langer.
e.)Des installations sanitaires pour le personnel du service d’urgence, hommes et femmes séparées.
f.)Des bureaux adaptés aux besoins des médecins.
g.)D’un bureau destiné au chef soignant du service.
h.)Des locaux de travail adaptés aux besoins du personnel soignant.
i.)D’une pièce de repos et repas pour le personnel permettant d’accueillir de manière assise au moins la moitié du personnel en poste du service d’urgence.
j.)D’une pièce de repos (agrémentée d’un lit) par médecin travaillant de minuit à 6 heures du matin, située dans une partie attenante au service d’urgence.

1.2

Partie technique.

La zone technique est composée d’un ensemble d’espaces et de pièces qui permettent la prise en charge des patients.

Chaque espace ou pièce a une vocation définie mais doit être polyvalent pour l’accueil des patients.

Chaque espace ou pièce sauf celui mentionné aux points k) et o) ci-dessous doit disposer d’un site de lavage de mains.

La partie technique du service d’urgence comprend au minimum :

a.)Une pièce à accès sécurisé hébergeant une réserve de médicaments et de matériel médical permettant de faire face aux urgences.
b.)Au minimum deux pièces dédiées à l’accueil et au triage des patients.
c.)Des salles d’examen polyvalentes et de soins, avec arrivées fixes d’oxygène, air et vide.
d.)Une salle dédiée constituée de deux espaces de déchoquage d’au moins 25 m2 chacun, permettant la préservation, la stabilisation et la restauration des fonctions vitales, avec arrivées fixes d’oxygène, air et vide, à l’exception du service national d’urgence pédiatrique qui ne peut disposer que d’un espace de déchoquage.
e.)Une salle d’accueil dédiée aux urgences pédiatriques, avec arrivées fixes d’oxygène, air et vide (sauf pour le service national d’urgence pédiatrique dont l’ensemble des salles a vocation à accueillir les patients de moins de seize ans et le cas échéant jusqu’à dix-huit ans).
f.)Une pièce équipée pour la petite chirurgie réalisée sous anesthésie locorégionale.
g.)Une pièce équipée pour la pose de plâtre, ou à défaut un chariot mobile dédié à la pose de plâtre.
h.)Un espace proche de l’entrée permettant un triage supplémentaire si besoin, avec accès fixes d’oxygène et vide.
i.)Une salle permettant l’accueil d’un patient souffrant de troubles psychiatriques (sauf pour le service hospitalier national d’urgence pédiatrique) avec des fenêtres sécurisées.
j.)Une salle de bain permettant de prodiguer des soins d’hygiène au patient même alité.
k.)Des locaux pour le stockage du linge, du matériel, des vêtements et un coffre permettant de stocker les objets de valeur des patients. Ces locaux peuvent être partagés avec un autre service.
l.)Si le service d’urgence dispose de lits-portes, chaque lit-porte est équipé de matériel de surveillance adapté à un patient nécessitant un suivi continu des paramètres vitaux et relié à un dispositif de monitorage centralisé. Chaque lit-porte possède un accès fixe d’oxygène, air et vide et est équipé d’un système d’appel.
m.)Les salles d’examen, les espaces de déchoquage et la salle d’examen d’urgence pédiatrique doivent permettre l’utilisation d’appareils mobiles d’imagerie médicale (radiographie et échographie).
n.)Un espace d’attente pour patients allongés sur brancard.
o.)Une salle permettant de recevoir les accompagnants.

2.

Équipements spécifiques

2.1

Équipement médical

Chaque service d’urgence, doit disposer de matériel adapté permettant les prises en charge des urgences vitales de l’adulte et de l’enfant, à l’exception du service d’urgence pédiatrique qui se limitera à l’équipement pédiatrique.

L’équipement minimum obligatoire pour chaque service d’urgence est composé des éléments suivants :

a.)Trois appareillages de ventilation artificielle permettant une ventilation contrôlée et assistée ainsi que la pression expiratoire positive, dont un appareillage mobile permettant le transport du malade. (deux appareils pour le service hospitalier national d’urgence pédiatrique).
b.)Un appareil permettant la ventilation non invasive (sauf pour le service hospitalier national d’urgence pédiatrique).
c.)Trois appareils de monitorage électrocardioscopique dont un au moins mobile (sauf le service hospitalier national d’urgence pédiatrique : deux appareils adaptés aux enfants dont au moins un mobile).
d.)Trois défibrillateurs avec écran pour le monitorage du rythme cardiaque, dont au moins un mobile (deux défibrillateurs pour le service hospitalier national d’urgence pédiatrique).
e.)Six pousses-seringues pourvus de batteries (quatre pousse-seringues pour le service hospitalier national d’urgence pédiatrique).
f.)Trois appareils permettant le monitorage en continu en O2 et CO2, dont au moins un mobile (sauf pour le service hospitalier national d’urgence pédiatrique : deux appareils adaptés aux enfants dont au moins de transport).
g.)Trois aspirateurs électriques de mucosité (sauf pour le service hospitalier national d’urgence pédiatrique : un appareil adapté aux enfants).
h.)Deux électrocardiographes permettant l’enregistrement selon les douze dérivations connectables au réseau informatique de l’établissement (sauf le service hospitalier national d’urgence pédiatrique : un appareil adapté aux enfants).
i.)Le matériel de réanimation cardio respiratoire de l’enfant et de l’adulte.
j.)Des sources d’oxygène portable permettant le transport intra hospitalier.
p.)Un appareil de massage cardiaque (sauf pour le service hospitalier national d’urgence pédiatrique).
q.)Deux plateaux d’intubation classique pour enfants et deux pour adultes (sauf pour le service hospitalier national d’urgence pédiatrique) et vidéolaryngoscope.
r.)Insufflateurs manuels.
s.)Du matériel permettant l’accès veineux périphérique, l’accès intra-osseux et vasculaire central.
t.)Un réchauffeur pour transfusion rapide.
u.)Un système de couverture chauffante.
v.)Un appareil de mesure instantanée de l’hémoglobine.
k.)Un nombre adapté de brancards permettant la réanimation cardiopulmonaire et équipés de barrières dont au moins un bariatrique. Le brancard bariatrique n’est pas exigé dans le service hospitalier national d’urgence pédiatrique.

2.2

Équipement logistique

Le service d’urgence doit disposer des moyens suivants :

a)Postes de travail équipés de logiciel informatique spécifique aux urgences permettant la tenue des dossiers médicaux et de soins, horodatés, couplés à l’échelle nationale de tri unique compatibles avec l’environnement informatique de l’hôpital et le Dossier de Soins Partagés, dans chaque salle d’examen et de soins ainsi que dans chaque pièce dédiée à l’accueil et au triage des patients et dans les bureaux des médecins et personnels de soins.
b)Équipement digital permettant la pratique de la télémédecine composée de matériel informatique, audio et vidéo permettant la réalisation au lit du malade de consultations et examens audiovisuels à distance, ainsi que la transmission sécurisée de données médicales.
c)Liens fonctionnels et procédures permettant un accès rapide à la banque de sang gérée par l’établissement hospitalier.

En cas de panne électrique, l’ensemble des matériels électriques sus mentionnés doit être automatiquement connecté à la source autonome électrique de l’établissement hospitalier.

Le service d’urgence doit disposer d’au moins une ligne téléphonique indépendante du central téléphonique de l’établissement hospitalier lui permettant de communiquer directement avec l’extérieur de l’établissement hospitalier et inversement.

3.

Ressources humaines et organigramme

3.1

Gestion du service

L’organisation et la gestion du service sont assurés par un binôme médico-soignant composé d’un médecin du service, appelé médecin chef de service, et d’un chef soignant.

Le chef soignant est chargé de la gestion du personnel soignant, de la gestion administrative du service d’urgence et des liens avec le directeur des soins et le directeur administratif et financier.

Le médecin chef de service coordonne et planifie l’action médicale au sein du service d’urgence et assure le lien avec le directeur médical de l’établissement et le cas échéant, le médecin coordinateur. Il est responsable du planning de garde des médecins intervenants dans le service d’urgence.

3.2

Personnel médical

La garde médicale est continue vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept et s’effectue au sein même du service d’urgence.

Est présent au minimum, vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans les locaux du service d’urgence, un médecin titulaire d’un diplôme sanctionnant une formation spécifique en médecine générale ou d’une spécialité en médecine reconnue au Luxembourg.

Pour exercer au service d’urgence, le médecin doit y exercer régulièrement sur base d’un contrat avec l’hôpital.

Des médecins pourront de façon ponctuelle effectuer des gardes dans le service d’urgence après accord du médecin chef de service et du directeur médical et selon le règlement de chaque hôpital.

Le nombre de médecins par service d’urgence doit être adapté à une prise en charge de qualité et permettre de garantir la sécurité des patients se présentant au service d’urgence. Un médecin ne peut prendre en charge, sur trois mois lissés, plus de quarante-huit patients par vingt-quatre heures.

3.3

Personnel soignant.

Le personnel soignant se compose de chefs soignants, d’infirmiers et d’aides-soignants.

Le nombre de personnel soignant doit être adapté à une prise en charge de qualité et permettre de garantir la sécurité des patients se présentant aux services d’urgence.

Chacune des fonctions suivantes doit être assurée par au moins un infirmier :

a.)Tri et orientation des malades.
b.)Coordination et gestion des flux et des filières de patients.
c.)Prise en charge du flux des patients valides.
d.)Prise en charge du flux des patients alités.
e.)Prise en charge du déchoquage.
f.)Prise en charge des lits portes.
g.)Gestion des lits et de la sortie des patients.

L’équipe infirmière présente au service d’urgence ne doit pas compter plus de deux infirmiers non affectés à temps plein au service d’urgence, représentant au plus 50 % de l’équipe infirmière en poste sauf en cas de catastrophe sanitaire ou plan blanc.

Le nombre d’aides-soignants doit permettre d’assurer simultanément la prise en charge des patients au sein de la zone de prise en charge des urgences et des lits-portes.

3.4

Personnel administratif, logistique et social

L’établissement hospitalier doit mettre à disposition du service d’urgence en nombre suffisant pour assurer une prise en charge de qualité :

a.)Des agents dédiés à l’accueil administratif.
b.)Un service de transport des malades.
c.)Une équipe de nettoyage.
d.)Un service de sécurité.

Un assistant social doit être disponible pour les urgences en journée pendant les jours ouvrables.

4.

Normes fonctionnelles

4.1

Services présents

L’établissement hospitalier exploitant un service hospitalier d’urgence doit au minimum comporter les services et unités de soins ci-dessous qui sont localisés sur le même site :

a.)Service d’imagerie médicale, avec nécessité d’une proximité directe au service d’urgence d’au moins une salle de radiographie standard et d’un scanner.
b.)Service de médecine interne générale,
c.)Service de traumatologie,
d.)Service de chirurgie viscérale,
e.)Service de soins intensifs et anesthésie,
f.)Service de psychiatrie aigue,
g.)Plateau technique de chirurgie

Le service d’urgence doit avoir organisé des liens fonctionnels avec ces services et unités de soins afin d’assurer la coordination et la sécurité des prises en charge des patients.

Chaque service d’urgence doit disposer d’un protocole fixant les modalités de transfert inter-hospitaliers du service d’urgence vers un service d’un autre hôpital, le cas échéant dans un service national.

-Le nombre de passages aux urgences par an.
-Le nombre de passages aux urgences par jour de la semaine.
-Le nombre de passages aux urgences tranche horaire.
-Nombre enfants 0-2 ans admis aux urgences par an.
-Nombre enfants 2-18 ans admis aux urgences par an.
-Nombre patients de 75 ans et plus admis aux urgences par an.
-Distribution des admissions aux urgences par classes d’âge de 10 ans.
-Sexe des patients admis aux urgences.
-Mode d’entrée.
-Provenance du patient.
-Motif d’admission selon la classification la plus récente International Classification of Primary Care (ICPC) de la World Health Organization.
-Degré d’urgence : Distribution des niveaux de priorité de l’Échelle canadienne de Triage et de Gravité par an.
-Délai admission-tri infirmier d’accueil et d’orientation.
-Délai admission -1er contact médical.
-Délai de premier contact médical en fonction du niveau de priorité de l’Échelle canadienne de Triage et de Gravité.
-Durée de séjour aux urgences en fonction du niveau de priorité de l’Échelle canadienne de Triage et de Gravité.
-Durée de séjour aux urgences des patients de plus de soixante-quinze ans corrélée au niveau de priorité de l’Échelle canadienne de Triage et de Gravité.
-Délai de réalisation et d’obtention des résultats pour une demande de biologie.
-Délai de réalisation pour une radiographie simple.
-Délai de réalisation et d’obtention des résultats pour un examen d’imagerie médicale (échographie, scan, IRM, etc.).
-Délai d’obtention d’un avis spécialisé.
-Temps de passage aux urgences par niveau de priorité de l’Échelle canadienne de Triage et de Gravité.
-Nombre d’hospitalisations et pourcentage par rapport aux admissions.
-Taux mensuel d’utilisation des lits-portes.
-Ambulance : délai entre appel et arrivée.
-Délai entre la prise de décision de l’hospitalisation et la sortie effective du service d’urgence.
-Fréquence et motif (classification ICD10 codage à 4 caractères) de transferts dans des établissements hospitaliers situés à l’étranger.
-Taux de réadmission du patient dans les vingt-quatre heures et quarante-huit heures suivant sa sortie du service d’urgence.